lundi 16 mai 2011

L'autobiographie de Nicolae Ceausescu

« L’autobiographie de Nicolae Ceausescu » (Autobiografia lui Nicolae Ceausescu) par Andrei UJICA, Roumanie, 2010, 3h00

Hier, j'ai passé un matin assez fatiguant au cinéma, à suivre trois heures d'images d'archives sur l'époque de Nicolae Ceausescu. Le film couvre toute la période pendant laquelle Ceausescu a été au pouvoir, de mars 1965 à décembre 1989. Le réalisateur reste pendant toute la durée du documentaire très fidèle au titre, le personnage principal et presque unique du documentaire étant Nicolae Ceausescu.

Comme dans tout documentaire, il y a un parti pris du réalisateur. Ceausescu, parfait illettré, apparaît comme une marionnette, même si, à aucun moment on ne voit les « autres », ceux qui pourraient se trouver derrière lui. Je dis « pourraient » car je ne suis pas sure que ces personnes existaient vraiment. J'ai donc du mal à le voir seulement sous cet angle, car c'est sa « conception » du monde, en parfait accord avec les pires exemples du communisme, le stalinisme et le communisme nord-coréen et chinois, qui a façonnée ces décennies. Ceausescu me semble plutôt parachuté dans un contexte, dans un espace sans « gardiens », chose qui lui a permis de prendre toute l'ampleur qu'on connait très bien aujourd'hui.

Le réalisateur illustre très bien par son montage d'images la rigidité et l'immobilisme de tous les régimes communistes de l'Europe de l'Est. Les images sont plus "colorées" et joyeuses dans les années 60 et les leaders de ces pays semblent en pleine forme. A la fin des années 80, ils sont tous dans un état avancé de vieillesse, de décomposition même pour certains. Les images deviennent du coup plus grises, plus sombres, plus sales et déprimantes. Les foules célébrant Ceausescu sont de moins en moins visibles. Le «rêve» du communisme, s'il a vraiment existé, semble fini pour toujours et avec le recul d'aujourd'hui, on peut se dire que ces régimes ne pouvaient plus durer.

C'est également très impressionnant de voir la place que l'épouse de Nicolae Ceausescu, Elena, prend petit à petit. Sur les premières images, elle n'apparait même pas alors que vers la fin, elle occupe une position importante pour se retrouver finalement à ses côtés lors du procès de 1989.

J'ai été donc très contente de voir ce documentaire qui m'a mis dans un état très ambivalent, entre le rire et la gorge nouée, même si la plupart du temps la cause était la même : l'absurdité.

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