samedi 28 août 2010

Central Europe

William T. VOLLMANN – « Central Europe», 2005
J'ai mis du temps à me décider d'écrire quelque chose sur ce livre : c'est tellement dense que je ne saurais pas le résumer !
Vollmann reprend toute une partie de l'histoire, celle de la révolution russe d'octobre, de la seconde guerre mondiale, du régime soviétique, du régime nazi. Ce contexte, plein de violence et d'injustice, est présenté par l'intermédiaire des « personnages historiques» plus ou moins connus, personnages descendus au « simple » statut d'humains. Leurs existences deviennent symboliques, tous ces individus étant écrasés par les systèmes totalitaires (nazi ou soviétique).
Le livre est assez déconcertant, car, par moments, il y a certaines répétitions (surtout au niveau des chapitres sur Chostakovitch), mais surtout à cause du fait que pratiquement tout le texte est écrit à la première personne. Changer de personnage d'un chapitre à l'autre, de contexte géographie et historique, mais pas de personne embrouille dans un premier temps...le temps d'accepter que ce procédé donne une force particulière au récit.

« La plupart des critiques littéraires s'accordent pour dire que la fiction ne peut être réduite au simple mensonge. Des protagonistes peints avec art prennent vie, la pornographie provoque des orgasmes, et l'illusion que la vie est comme nous voulons qu'elle soit peut fort bien conduire à l'état désiré. De là découlent les paraboles religieuses, le socialisme réaliste, la propagande nazie. Et si cette histoire grouille de même d'un surnaturalisme réactionnaire, il se peut que ce soit parce que son auteur a envie de voir les lettres filer sur le plafond, et se réifier prudemment en anges. Car si elles peuvent y parvenir, alors pourquoi pas nous ? » (p.57, éditions Actes Sud-collection Babel).