
Adrian CIOROIANU - « Primul proces intelectual al stalinismului » (Le premier procès intellectuel du stalinisme) in Lettre Internationale, n°76, édition roumaine hiver 2010-2011, pp,43-50
La semaine dernière, j'ai lu un passionnant article sur le parcours de Victor Kravtchenko, dissident soviétique d'origine ukrainienne des années 40 et célèbre auteur du livre « I chose Freedom ». L'article retrace brièvement la vie de Kravtchenko en URSS pour expliquer ensuite son positionnement envers le régime soviétique et tout particulièrement stalinien. L'auteur rappelle également ses relations ambiguës avec les services secrets américains ainsi que le déroulement du procès intenté par Kravtchenco, pour diffamation, aux « Lettres françaises ».
A. Cioroianu cite dans son article de nombreux ouvrages et témoignages des années 40-50 sur les goulags staliniens , parus dans le monde occidental. Mais alors, pourquoi l'Occident a dû attendre Soljénitsyne pour réagir ?
Tout ce développement est à l'appui d'une thèse, celle de l’hermétisme et de la mauvaise foi du monde européen occidental, de son indisponibilité à percevoir la terreur stalinienne. Sans reconnaissance des faits, pas de condamnation. Le cas de la France et de son Parti communiste est assez relevant.
Il y a bien sur, au niveau de l'article, une mise en opposition entre la France et les États-Unis, qui se trouvaient à cette époque en pleine guerre froide. Tandis que l'une est sourde et désire le rester, l'autre tombe dans l'excès et dans hystérie maccarthyste. C'est à ce moment-là qu'on admire encore plus le personnage de Victor Kravtchenco qui a le courage de dénoncer le stalinisme, mais a aussi la sagesse de déclarer son aversion envers les moyens répressifs du maccarthysme.
Cet article très instructif contient aussi un message assez fort car l'auteur ne parle pas de façon abstraite et théorique de ces années de terreur. Parler de soviétisme c'est parler de générations entières et d'individus brisés à vie. Dans le cas de Kravtchenco, comme dans le cas de plein d'autres dissidents, l'emprise du régime soviétique semble dépasser les frontières pour accaparer son âme, telle une maladie incurable.
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